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mardi 21 juillet 2015

Les agriculteurs israéliens s’inquiètent face aux campagnes de boycott


Les tensions politiques se répercutent sur le secteur agricole israélien. Jusqu'en 2008, le boycott n’a eu d’effet que dans quelques pays. Il semblerait qu’aujourd’hui le phénomène prenne de l’ampleur. Les agriculteurs s’inquiètent pour leurs exportations européennes...Analyse...


Inon Rosenblum est le patron d’une exploitation agricole familiale implantée depuis 1983 en Judée-Samarie, dans la vallée du Jourdain.
Les Rosenblum produisent des dattes, du raisin de table et des herbes aromatiques. Au total 600 tonnes par an, habituellement exportées à  97% en France, en Italie, en Angleterre en Allemagne et en Europe de l’Est.
"J’ai perdu cette année 20% de mes ventes vers les pays européens, sans compter que l’Euro a chuté.
L ’Angleterre et l’Allemagne restent pour le moment les deux pays qui sanctionnent le plus Israël. Notamment les grandes chaînes telles que Marks et Spencer et Tresco. Mais l’hiver, lorsque certaines références manquent, ils importent à nouveau nos produits."
 Selon Inon Rosenblum, les pays qui appliquent les sanctions ne différencient pas les produits israéliens se trouvant du bon ou du mauvais côté de la ligne verte.
 "Bizarrement, lorsqu’un pays boycotte, il sanctionne tous les  produits ‘made in Israël’ et pas seulement ceux des territoires situés au-delà des frontières de 1967.
Les plus touchés par ces sanctions demeurent les cultivateurs de poivrons de l’Arava, une région qui se trouve pourtant à l’intérieur des frontières reconnues par la communauté internationale. La raison est simple,  les  principaux acheteurs de poivrons israéliens sont l’Allemagne et l’Angleterre."  
 Il poursuit, "moi, j’arrive encore à conserver la tête hors de l’eau car, mes plus gros clients se trouvent en France et en Italie, ces pays  n’appliquent pas encore de véritables sanctions économiques à l’encontre d’Israël.

Il semblerait que les pays du pourtour méditerranéen soient un peu plus ouverts que les autres. Pour le moment aucun d’entre eux n’a pris de véritables initiatives de boycott."

Les sanctions menacent l’ensemble des exportations agricoles israéliennes


Depuis dix ans déjà, les produits israéliens provenant des territoires israéliens situés au-delà des frontières de 1967, en partance pour les pays de l’Union européenne disposent d'un code-barres spécial. Aujourd'hui l'UE souhaite qu’un  label "colonies  israéliennes" figure sur ces produits, dans les magasins des pays membres.
 "Lorsque les Européens veulent boycotter Israël, ils commencent toujours par l’agriculture: les dattes, les poivrons, les mangues et les oranges " confiait Meir Tsur, président de l’Israël Farmers Association et du Moshav Movement, lors d’une interview pour le quotidien Haaretz, le 18 juin 2015.


Des exportations estimées à 100 M$


Israël ne prend pas à la légère l'activité de BDS (Boycott, désinvestissements, sanctions), le principal organisme international qui tente d’isoler économiquement Israël.
Depuis 2011, la Knesset, le Parlement israélien, a même fait passer une loi interdisant aux associations israéliennes militantes de divulguer des informations pouvant renforcer le boycott des produits des territoires situés au-delà des frontières de 1967.
 Il est même difficile de connaître le volume exact des exportations agricoles provenant de ces territoires, puisque le gouvernement israélien ne publie aucun chiffre.
 En 2012, la  dernière année où des chiffres ont été estimés, les exportations industrielles de Cisjordanie, du Golan et de Jérusalem Est, en partance pour les pays de l’Union Européenne, étaient estimées à seulement 100 M$ (90M€), à peine 1 % du total des exportations industrielles israéliennes (à l’exclusion des diamants), vers l’Union européenne.
Comme l’explique Arie Arnon, professeur d’Économie à l’Université Ben-Gourion, même si les marchandises agricoles provenant des territoires exportées en Europe ne dépassent pas au total quelques millions de dollars, chaque année, les économistes israéliens craignent, que le boycott prenne de l'ampleur. "Une fois le label mis en place, le danger est que les chaînes ou magasins européens n’aient aucune envie de s'occuper de l'étiquetage des produits provenant des territoires disputés. Elles préféreront cesser totalement l’importation des produits israéliens."


Source Econostrum